La Cour d’appel de Paris a eu lâoccasion de se prononcer, le 26 novembre dernier, sur la notion de harcĂšlement sexuel dâambiance, lequel se caractĂ©rise par un environnement de travail sexiste de nature Ă porter atteinte Ă la dignitĂ© des salariĂ©s, et en particulier des femmes.
đ Les faits de lâespĂšce :
âĄïž Deux salariĂ©es sont affublĂ©es de surnom genrĂ© Ă connotation nĂ©gative, dont lâune se plaint Ă son supĂ©rieur. Ce dernier ne rĂ©agit pas ni fait en sorte que les faits cessent.
đ Sur ce point, il est acquis que lâabsence de rĂ©action de la hiĂ©rarchie est susceptible de contribuer Ă la normalisation de comportements illicites, et contribuer Ă leur perpĂ©tuation et leur impunitĂ©, et en cela engager la responsabilitĂ© de lâemployeur pour manquement Ă son obligation de sĂ©curitĂ© (articles L. 4121-1 et L. 4121-2 du Code du travail).
âĄïž En outre, des salariĂ©s partageaient des photos de femmes dĂ©nudĂ©es, partiellement dĂ©nudĂ©es, ou dans des positions suggestives, le tout accompagnĂ© de commentaires inappropriĂ©s. La circonstance que ces Ă©changes avaient lieu au sein de lâopen space, avait pour effet que lâensemble des salariĂ©s prĂ©sents ne pouvait que y ĂȘtre confrontĂ©. Certains se sont plaints de cette ambiance de travail.
đ Alors mĂȘme que les salariĂ©es ne sont pas directement visĂ©es par lâambiance gĂ©nĂ©rale de travail marquĂ©e par un climat sexiste et dĂ©gradant, lâenvironnement de travail est reconnu comme hostile, offensant ou dĂ©gradant, que ce soit sur le fondement du harcĂšlement sexuel (on parle alors de harcĂšlement dâambiance) ou sur le fondement du harcĂšlement discriminatoire Ă raison du sexe.
âââLes juges estiment que le fait dâafficher affichent librement des images sexualisĂ©es, dâutiliser des propos sexistes altĂšrent la dignitĂ© de toutes les femmes prĂ©sentes dans lâopen space, mĂȘme si celles-ci ne sont pas directement visĂ©es par les propos.
Ceci vient conforter une jurisprudence de 2017 de la Cour d’appel d’OrlĂ©ans, reconnaissance tout Ă fait novatrice de ce quâune victime peut invoquer le harcĂšlement sexuel dĂšs lors que lâatmosphĂšre au travail se montre hostile avec des propos, allusions et comportements sexistes ou sexuels rĂ©currents alors mĂȘme quâelle nâen est pas la cible.
Par ailleurs, lâarrĂȘt de la Cour dâappel de Paris du 26 novembre 2024 met en Ă©vidence les consĂ©quences pour un employeur sâagissant de la tolĂ©rance face Ă des faits susceptibles de constituer un « harcĂšlement dâambiance », tolĂ©rance de nature Ă engager sa responsabilitĂ©. Dans cette affaire, lâentreprise a Ă©tĂ© condamnĂ©e notamment pour nâavoir pas empĂȘchĂ© la rĂ©itĂ©ration des faits de harcĂšlement, alors mĂȘme que la hiĂ©rarchie en Ă©tait informĂ©e.
Pour une analyse juridique complĂšte et approfondie de cette dĂ©cision, voir lâarticle de NoĂ©mie Le Bouard sur le Village de la Justice.