Il est trĂšs rare dâavoir la preuve irrĂ©futable de ce quâun employeur a refusĂ© ce poste Ă cette personne en raison dâun critĂšre arbitraire.
DâoĂč la question : comment faire pour apporter la preuve dâune discrimination ?
En pratique, cette preuve nâest pas toujours aisĂ©e Ă rapporter. Câest pourquoi le lĂ©gislateur a entendu faciliter la charge de la preuve au profit des plaignants. En effet, jusquâen 2008, ceux-ci devaient rapporter une preuve Ă©tablissant avec certitude la discrimination dont ils indiquaient faire lâobjet.
đ Depuis une adaptation du droit communautaire, que lâon retrouve dans le droits français Ă lâarticle 4 de la loi n°2008-496 du 27 mai 2008, il existe un principe gĂ©nĂ©ral dâamĂ©nagement de la charge de la preuve en matiĂšre civile.
En droit du travail, câest lâarticle L. 1134-1 du Code du travail qui reprend ce principe.
En droit de la fonction publique, le Conseil d’Ătat l’a appliquĂ© pour la premiĂšre fois en 2009 dans lâarrĂȘt Perreux.
Le processus se fait en deux temps :
1ïžâŁ Tout dâabord, il revient au plaignant dâapporter des Ă©lĂ©ments laissant supposer une discrimination Ă son Ă©gard.
« Laissant supposer » et non pas « établissant », indiquant ici un degrĂ© dâexigence moindre dans lâĂ©tablissement de la preuve.
2ïžâŁ Dans un second temps, il appartient Ă lâemployeur de dĂ©montrer que les diffĂ©rentes dĂ©cisions prises concernant le salariĂ© sont objectives, c’est-Ă -dire exemptes de toute discrimination.
Illustrations :
âĄïž Discrimination fondĂ©e sur l’origine ethnique : un salariĂ© constate que ses primes sont infĂ©rieures de plusieurs centaines d’euros Ă celles de ses collĂšgues occupant des postes similaires, avec mĂȘmes fonctions hiĂ©rarchiques et attributions. Le salariĂ© n’a reçu aucun reproche professionnel ni sanction disciplinaire. La seule diffĂ©rence apparente est son origine ethnique. Face Ă ces Ă©lĂ©ments, l’employeur n’a pas pu justifier objectivement cet Ă©cart de rĂ©munĂ©ration, Ă©tablissant ainsi la discrimination.
âĄïž Potentielle discrimination aprĂšs un congĂ© maternitĂ© : une agente signale devoir systĂ©matiquement relancer sa hiĂ©rarchie pour ses congĂ©s, qui lui sont accordĂ©s plus tardivement qu’Ă ses collĂšgues, situation qui perdure depuis son retour de congĂ© maternitĂ©. En dĂ©fense, l’employeur invoque son statut d’encadrante, la vacance du poste d’adjoint et la nĂ©cessitĂ© d’assurer la continuitĂ© du service pour justifier ses dĂ©cisions concernant cette agente. La discrimination n’est pas Ă©tablie.
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