🚹 Evolution de la dĂ©finition du viol dans la loi

Le 18 juin dernier, les membres du SĂ©nat ont votĂ© en faveur de l’introduction de la notion de consentement dans la loi pĂ©nale rĂ©gissant le viol et les agressions sexuelles.

Ceci est une avancĂ©e majeure en matiĂšre de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, surtout s’agissant d’une chambre essentiellement conservatrice.

Le 1er avril dernier, c’est l’AssemblĂ©e nationale qui avait adoptĂ© ce texte, dont la portĂ©e est fondamentale s’il venait Ă  ĂȘtre adoptĂ© dans les termes dĂ©clinĂ©s au sein de la proposition de loi dĂ©posĂ©e par Marie-Charlotte Garin, VĂ©ronique Riotton, Cyrielle Chatelain et Gabriel Attal.

Dans la loi actuelle, afin de dĂ©montrer que la victime n’est pas consentante, preuve doit ĂȘtre faite de ce que son consentement a Ă©tĂ© violentĂ©, contraint, menacĂ© ou surpris. A dĂ©faut, la victime est rĂ©putĂ©e ĂȘtre consentante…

Or ces quatre modalitĂ©s ne sont pas reprĂ©sentatives de toutes les situations oĂč un consentement peut ĂȘtre forcĂ©. En ce sens, la Cour de cassation a pu juger que l’état de sidĂ©ration d’une victime, figĂ©e dans l’incapacitĂ© de s’opposer Ă  tout le moins verbalement, est une circonstance dans laquelle le consentement ne peut ĂȘtre dĂ©duit (Cass., crim., 11 sept. 2024, n°23-86.657). Cette dĂ©cision n’est cependant pas un arrĂȘt de principe, c’est-Ă -dire une dĂ©cision qui a vocation Ă  donner une tendance que les autres juridictions d’appel et de premiĂšre instance doivent suivre. Elle s’analyse plutĂŽt comme une jurisprudence spĂ©cifique au cas de l’espĂšce. C’est d’ailleurs ce que le Conseil d’État a soulignĂ© dans son avis consultatif du 11 mars 2025. Dans cet avis, la plus haute juridiction administrative valide l’intĂ©gration de la notion de consentement dans la loi pĂ©nale sur le viol et les agressions sexuelles, notamment pour se conformer aux exigences europĂ©ennes. La France ayant Ă©tĂ© condamnĂ©e Ă  plusieurs reprises sur ce sujet par la Cour EuropĂ©enne des Droits de L’Homme.

D’oĂč la nĂ©cessitĂ© de changer de paradigme, pour tendre vers une culture du consentement.
L’adoption finale du texte nĂ©cessite son passage devant une Commission Mixte Paritaire afin notamment de finaliser sa rĂ©daction.

Pour retrouver une analyse juridique complĂšte et dĂ©taillĂ©e de cette proposition : voir l’analyse dans AJPĂ©nal de juin 2025 faite par François LavalliĂšre et Audrey Darsonville.

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